Le cadeau empoisonné d’Ousmane Dembélé
Le tribunal de Rennes a récemment statué que le “cadeau d’anniversaire” de 200 000 euros qu’Ousmane Dembélé a offert à sa mère était bel et bien imposable. Derrière cette décision se cache une bataille révélatrice des complexités fiscales et des zones d’ombre de la générosité sportive. Une affaire qui contraste avec l’image du joueur, récemment sous les projecteurs après qu’Ousmane Dembélé sacré Ballon d’Or a suscité de vives réactions dans le monde sportif.
À première vue, ce transfert d’argent pourrait ressembler à un geste filial noblement intentionné. Mais la justice s’est penchée sur les détails, notant que plus de six mois séparaient l’anniversaire de la mère de Dembélé de ce fameux virement. Le tribunal a souligné l’irrégularité du virement, effectué sur un compte en Espagne non déclaré. Une erreur qui coûte cher lorsque le fisc entre dans l’arène.
L’avocat d’Ousmane, Hubert Lefebvre, a martelé que ce “cadeau” était proportionnel aux revenus de la star du ballon rond et qu’il n’impliquait aucune fraude fiscale. Mais la machine administrative, une fois lancée, peine à s’arrêter. La taxation d’office comme revenu d’origine indéterminée a été appliquée, point final.
“Aucune fraude fiscale,” affirmait pourtant l’avocat. Mais le marteau du fisc a frappé.
Peut-on vraiment être généreux sans payer ?
Tout cela pose une question bien plus large et déroutante : jusqu’où peut-on aller pour donner de l’argent à ses proches sans être happé par le filet fiscal ? Car derrière ce type d’affaire, c’est un pan entier de la générosité familiale qui est interrogé. Le fisc français, armé de ses règles strictes, peut parfois transformer un geste d’amour en gouffre fiscal. Un dilemme auquel d’autres personnalités du football, comme celles évoquées dans les rumeurs infondées sur le transfert de Neymar à l’OM, pourraient un jour être confrontées.
Selon la Direction générale des finances publiques contactée pour éclaircir le sujet, il existe une exonération spécifique pour les donations d’argent en cas de lien familial direct et sous certaines conditions. 31 865 euros, renouvelables tous les 15 ans, voilà la limite imposée. Bien loin des 200 000 euros en cause pour notre ailier international.
Cela pousse à la prudence tout bienfaiteur potentiel, et oblige à se questionner : pourquoi des règles aussi restrictives sur le partage de la richesse au sein des familles ? La complexité de ces lois aux multiples exceptions force les donateurs et leurs avocats à cheminer sur une corde raide. Donner beaucoup, c’est se diriger vers une montagne de paperasse et de possibles redressements fiscaux.
La donation, entre bienveillance et méfiance
Et si l’on décide malgré tout de franchir la barrière des seuils exonérés, comment procéder sans trébucher sur des pièges fiscaux ? Les démarches requièrent une déclaration minutieuse à l’administration fiscale, un marathon administratif que peu de gens seraient prêts à courir de leur plein gré. Cela soulève aussi la complexité d’autres dossiers financiers dans le football professionnel, similaire à celle du transfert de Nordi Mukiele du PSG à Sunderland.
En cas de non-déclaration, gare aux rappels et aux pénalités. Le fisc, en bon prédateur, sait sauter sur les occasions de rattraper la moindre donation non déclarée. La perte de l’abattement pour quinze ans en est un exemple frappant. Ne pas déclarer, c’est courir à la catastrophe fiscale.
En fin de compte, la question persiste : le fisc ne devrait-il pas assouplir ses règles pour encourager de telles largesses ? Ou sommes-nous condamnés à voir la générosité se diluer dans l’incompréhensible labyrinthe fiscal ? Tant que ces questions resteront en suspens, philanthropes familiaux et sportifs avertis auront fort à faire pour naviguer dans ces eaux troubles.



