Racing Club de Strasbourg traverse une crise sans précédent. Ses supporters, qui ont toujours été son douzième homme, ont décidé d’entamer une grève des encouragements. À la source de ce mouvement inédit : une défiance profonde envers les nouveaux dirigeants de BlueCo et leur gestion du club alsacien. Une déconnexion croissante entre supporters et direction menace aujourd’hui de rompre un lien historique, et cette grève des encouragements pourrait bien sonner comme un coup de semonce pour certains et comme une alerte rouge pour d’autres.
BlueCo : sauveur ou fossoyeur de l’identité strasbourgeoise ?
Lorsque BlueCo a pris les rênes du RCSA, beaucoup y ont vu une aubaine, promettant un avenir meilleur grâce à de nouveaux moyens financiers. Mais, très vite, l’espoir a laissé place à une certaine désillusion. Les supporters Strasbourgeois se retrouvé face à une réalité bien différente de celle qu’ils espéraient. La transaction déjà actée d’Emmanuel Emegha vers Chelsea, un transfert qui fleure bon la transaction inter-clubs sous le même pavillon, cristallise aujourd’hui toute une série de frustrations.
Marc Keller, président en place depuis 2012, se retrouve dans la tourmente. Pourtant, cet homme qui a tant fait pour sauver le club après ses déboires financiers passés, se voit aujourd’hui accusé de trahir les valeurs d’un Racing populaire et indépendant. « Jeudi dernier, on est tombés de notre chaise », déclare Maxime, porte-parole des Ultras Boys 90, illustrant l’ampleur du choc face aux nouvelles mesures perçues comme une attaque directe contre les supporters.
Le sentiment est général : une perte de contrôle des valeurs locales au profit d’une culture footballistique plus corporatiste. La Meinau, ce chaudron si unique, pourrait ainsi perdre son âme sous le poids de directives trop difficiles à avaler.
Ces mesures disciplinaires sont-elles justifiées ?
Les mesures adoptées par la direction, telles que l’instauration de billets nominatifs et l’installation de stadiers dans le kop, sont perçues comme un bâillon aux velléités des supporters. Pour la direction, il s’agit de maintenir un niveau de sécurité et de respect des structures mises en place. Mais pour les fans, c’est d’abord une manœuvre destinée à tuer l’animation légendaire de la Meinau.
« La liberté d’expression est un droit, pas un privilège », peut-on lire sur une des banderoles proposées pour validation par les supporters.
Les groupes eux-mêmes, tels que les Ultras Boys 90, sont catégoriques : le débat peut se tenir, mais il doit revenir à des valeurs fondamentales de respect et d’écoute mutuelle. “On fait un effort, on attend un pas du club, qu’il annonce publiquement, de bonne foi, une discussion”, souligne Maxime. Ce silence imposé durant 90 minutes lors du match contre Marseille pourrait bien être le signal d’une dérive inquiétante, celle d’un club perdant peu à peu son identité.
Quel avenir pour les relations club-supporters ?
Cette crise pose une question fondamentale pour l’avenir : à quoi sert l’investissement colossal si c’est pour créer une fracture avec son public ? Pour les supporters, le Racing doit absolument demeurer ce bastion populaire, ce phare pour une Alsace qui chérit ses traditions footballistiques.
La grève des encouragements n’est qu’un début. Elle illustre à quel point les relations entre le RCSA et son public peuvent être fragiles, mises à mal par des décisions perçues comme incohérentes et déconnectées des réalités de la Meinau. Le dialogue doit être renoué, sans quoi l’enthousiasme et la ferveur, marques de fabrique historique des supporters strasbourgeois, pourraient bien s’estomper.
Comment le club alsacien peut-il retrouver le chemin de son identité tout en profitant des moyens de BlueCo ? Une réconciliation semble inévitable pour l’avenir du club, mais cela nécessite une volonté commune de rapprocher les visions pour reconquérir le cœur d’une Meinau silencieusement bruyante.
