La relégation du Stade de Reims en Ligue 2 n’est pas seulement un coup dur sportif : elle déclenche une onde de choc économique dans tout le bassin marnais. Budget divisé par trois, sponsors à reconquérir, affluence incertaine : c’est tout un modèle qui vacille.
Le choc de la descente
Jeudi 29 mai 2025, le verdict tombe. Reims s’incline face à Metz (3-1) et dit adieu à l’élite. Pour les supporters, c’est la désillusion. Pour les dirigeants, c’est une nouvelle équation financière à résoudre. Car en quittant la Ligue 1, le Stade de Reims perd beaucoup plus que des points au classement. Il perd de la visibilité, des revenus télévisés, et un flux économique qui irriguait tout un territoire.
Un budget ramené de 60 à 20 millions d’euros
La chute est brutale. Le budget du club était d’environ 60 millions d’euros en 2024-2025. En Ligue 2, il devrait chuter à 20 millions, voire moins. En cause : une baisse des droits TV (estimée entre 5 et 10 millions d’euros) et un désengagement progressif des sponsors, moins enclins à investir dans un club relégué. « On passe d’un club visible à l’échelle nationale à une entité beaucoup plus locale », résume Jérémie Bastien, économiste du sport à l’Université de Reims.
L’impact sur l’économie locale
Au-delà du terrain, cette relégation touche aussi les bars, restaurants, hôtels et lieux culturels. Les soirs de match contre le PSG ou l’OM attiraient de nombreux visiteurs, souvent extérieurs à la région. Ce public consommait dans la ville, apportant un surcroît de dynamisme. « On observe un effet d’entraînement économique avec les clubs de Ligue 1. Reims risque de le perdre, du moins en partie », confirme l’universitaire.
Des abonnés en moins, des soirs de match moins rentables
Le Stade de Reims comptait environ 9 000 abonnés cette saison. Avec la relégation, la courbe pourrait s’inverser. Le revenu de billetterie, estimé entre 5 et 7 millions d’euros en 2024-2025, pourrait tomber autour de 3 millions. Une baisse nette qui viendra encore éroder le budget. L’ambiance dans les tribunes pourrait aussi en pâtir. Les guichets fermés étaient rares, et l’engouement modéré. En Ligue 2, la ferveur ne suffira pas toujours à remplir les travées.
Une gestion saine… jusqu’à quand ?
Le club peut néanmoins compter sur une gestion rigoureuse, saluée par les spécialistes. Les comptes sont à l’équilibre, et les ventes de joueurs l’hiver dernier ont permis d’absorber une partie du choc. Pas de plan social annoncé pour le moment. Mais une baisse automatique des salaires des joueurs, prévue contractuellement en cas de relégation, sera activée. Certains membres du staff pourraient également voir leurs postes supprimés.
Le défi des sponsors
En Ligue 2, la visibilité télévisuelle est moindre. Il sera donc plus difficile de séduire ou conserver des partenaires. Pour continuer à attirer des sponsors nationaux ou internationaux, le club devra miser sur son image, son histoire, et son ambition de remonter rapidement. Un pari incertain, surtout dans un contexte où les droits TV globaux sont en baisse.
Stade de Reims avant/après la relégation
| Poste budgétaire | En Ligue 1 (2024-25) | En Ligue 2 (2025-26, estimé) |
|---|---|---|
| Budget global | 60 M€ | 20 M€ |
| Droits TV | ~20 M€ | 5 à 10 M€ |
| Billetterie (recettes) | 5 à 7 M€ | 3 M€ |
| Abonnés | 9 000 | 5 000 à 6 000 (prévisions) |
| Nombre d’employés | ~100 | Réduction en cours |
| Sponsors principaux | 8 | À renégocier ou en retrait |
Une remontée rapide est-elle envisageable ?
Sur le plan sportif, le club a déjà connu ce scénario. En 2016, il avait réussi à remonter deux ans après sa descente. Mais les conditions étaient différentes : droits TV plus élevés, économie nationale plus stable, et une dynamique interne plus claire. Aujourd’hui, le contexte est plus tendu. Le risque, pour Reims, serait de s’installer durablement dans une deuxième division de plus en plus concurrentielle.
Le Stade de Reims entre donc dans une nouvelle ère : moins faste, plus incertaine, et marquée par l’obligation de se réinventer. Un club historique, à la croisée des chemins.




