L’affaire Pierre Ekwah secoue les travées de Geoffroy-Guichard. Alors qu’une vidéo virale laissait croire à un retour tonitruant de l’ancien joueur stéphanois dans le vestiaire après une victoire contre Reims, il n’en est rien. Pour l’instant, Ekwah reste dans un flou juridique complexe, pris dans une bataille légale avec l’AS Saint-Étienne pour déterminer son futur. Retour sur un imbroglio qui en dit long sur les dessous du football moderne.
Ekwah et Saint-Étienne : un mariage forcé
Comment en est-on arrivé là ? Parti pour être une recrue de choix destinée à s’installer dans le Forez, Pierre Ekwah se trouve maintenant à des kilomètres de ses anciens coéquipiers. Alors qu’un prêt initial depuis Sunderland avait ravi les supporters stéphanois, Saint-Étienne a finalement levé l’option d’achat de manière unilatérale. Mais Ekwah, de son côté, n’a jamais souhaité revenir jouer en Ligue 2, surtout sans clause d’annulation en cas de relégation.
Le club, pourtant, voit en lui un potentiel financier important, comme en témoigne l’opération fructueuse réalisée avec Niels Nkounkou. Mais là où Ekwah refuse de transiger, c’est sur sa volonté de jouer au plus haut niveau. Cette impasse met en lumière une question brûlante : à quel point un joueur doit-il se plier aux décisions d’un club qui, selon lui, ne représente plus ses aspirations ?
“Un joueur doit être maître de son avenir, surtout quand il se retrouve malgré lui dans une division qu’il n’a jamais souhaité intégrer”, explique un proche du dossier.
Une rupture de contrat téméraire
Avec le soutien d’un avocat aguerri, Pierre Ekwah a pris l’initiative radicale de rompre son contrat pour “juste cause”. Cette démarche, qui semble être à double tranchant, fait écho à l’arrêt Lassana Diarra. Diarra, qui s’était retrouvé bloqué par le Lokomotiv Moscou, avait réussi à faire fléchir la FIFA avec l’appui de la CJUE. Une stratégie audacieuse mais non moins risquée pour Ekwah qui espère retrouver le haut niveau grâce à cette manœuvre.
Si le tribunal lui donne raison, le jeune milieu pourrait signer où bon lui semble, transformant Saint-Étienne de puissance juridico-financière en témoin familialiste du monde des transferts foot, où le secteur des transferts est dicté de plus en plus par les ambitions individuelles. D’ores et déjà, les agents et clubs en attente outre-Manche, en Belgique et en Italie trépignent.
Mais cette décision laisse une question en suspens : la justice suivra-t-elle la logique des droits humains ou celle d’intérêts financiers stricts ?
Quel avenir pour l’AS Saint-Étienne ?
Tandis que le feuilleton Ekwah s’intensifie, l’AS Saint-Étienne se retrouve dans une position délicate. Embourbé dans cette affaire, le club doit absolument gérer son image vis-à-vis des supporters tout en préservant ses intérêts sportifs et financiers. Cette énième crise interne pourrait-elle affecter durablement une institution qui peine déjà à se redresser sportivement ?
Plus que jamais, l’ASSE doit prouver sa capacité à naviguer dans les eaux troubles du football moderne. Le club pourrait profiter de cette affaire pour réévaluer sa stratégie de gestion des talents et se repositionner autrement sur le marché des transferts. Mais cela demande audace et stratégie à long terme.
L’affaire Ekwah ne fait que commencer, mais elle pourrait signifier un tournant pour Saint-Étienne. Reste à savoir si ce sera pour le meilleur ou pour de nouvelles désillusions.




