Reléguée avec fracas pour la seconde fois en trois ans, l’AS Saint-Étienne se retrouve à nouveau coincée dans l’antichambre du football français. Une Ligue 2 toujours plus homogène, imprévisible, rugueuse. Et pourtant, un parfum étrange plane du côté du Forez : l’ASSE a de l’argent. Beaucoup trop, peut-être, pour une division où certains clubs alignent des joueurs semi-pros et recrutent avec des tickets-restaurants.
Kilmer Sports Ventures, propriétaire depuis moins d’un an, a certes raté son entrée. Un mercato estival raté, un recrutement hivernal timide, une descente logique. Mais malgré tout, les Verts affichent une santé financière insolente : 32,7 millions d’euros de dettes, soit l’un des ratios les plus maîtrisés du football pro français. À titre de comparaison, Montpellier flirte avec les 35 millions, tandis que Paris… n’est même plus dans la même galaxie, dépassant le milliard d’euros de dettes.
Et pendant que la moitié des clubs de Ligue 2 s’accrochent à la moindre subvention régionale ou se battent pour une avance de trésorerie, Sainté sort le chéquier. Le club aurait déjà fixé un prix musclé pour Lucas Stassin, son jeune attaquant, et selon plusieurs sources, une enveloppe mercato « significative » est sur la table.
Des millions, mais pour quoi faire ?
C’est là que le bât blesse. L’ASSE est riche, mais reste mal gérée. Cet argent-là, mal dépensé l’an passé, ne vaut rien sans une vision claire. Dall’Oglio n’a jamais eu l’équipe pour jouer la survie en L1. Et malgré la colère populaire, l’organigramme n’a pas été bouleversé. Les promesses d’investissements suffisent-elles à faire une montée ? Spoiler : non. La Ligue 2, ce n’est pas Football Manager. C’est des déplacements à Rodez, des matchs dans le vent à Annecy, et des blocs bas qui défendent à 10.
Dans un championnat où Laval performe avec des salaires au rabais et Dunkerque impressionne avec un budget de CFA, les millions des Verts ne garantissent rien, sauf d’être attendus au tournant. Tout autre résultat qu’une montée directe sera un échec monumental.
“Ils ont trop d’argent pour cette division”
Même Benoît Trémoulinas l’a reconnu sur L’Équipe : « Il y a beaucoup d’argent à l’ASSE aujourd’hui. Mais ça n’a pas suffi à éviter la relégation. » Et il ajoute : « Devant, au milieu, derrière… Il fallait recruter partout. » Ce que les dirigeants n’ont pas fait. Désormais, ils n’ont plus le droit à l’erreur. La Ligue 2 version 2025-2026, c’est un champ de mines. Pas d’équipe B, pas de jokers. Des clubs comme Pau, Bastia ou Annecy ne feront pas de cadeau.
En Ligue 2, les riches aussi peuvent pleurer
L’ASSE avance avec ses millions, ses promesses de remontée et son costume de favori cousu trop grand. La Ligue 2 n’a jamais été aussi imprévisible, et ceux qui s’y croient trop beaux s’y noient.
En clair, les Verts ont les poches pleines, mais les idées vides. Reste à voir si ce mercato sera enfin à la hauteur de l’histoire du club. Ou si une fois encore, l’ASSE prouvera qu’on peut être trop riche pour la Ligue 2, mais toujours trop pauvre en ambition pour la Ligue 1.